Élection présidentielle chilienne de 2017

élection du président de la République du Chili

L'élection présidentielle chilienne de 2017 se déroule les et afin d'élire pour quatre ans le successeur de Michelle Bachelet au poste de président de la République du Chili, celle ci ne pouvant se représenter immédiatement pour un nouveau mandat en vertu de la constitution chilienne. Son prédécesseur conservateur Sebastián Piñera est à nouveau candidat et l'emporte au second tour face à Alejandro Guillier, soutenu par Michelle Bachelet.

Élection présidentielle chilienne de 2017
Président de la République
et
Type d’électionÉlection présidentielle
Scrutin uninominal majoritaire à deux tours
Corps électoral et résultats
Inscrits14 347 288
Votants au 1er tour6 699 627
46,7 % en diminution 2,4
Votes blancs au 1er tour39 791
Votes nuls au 1er tour65 814
Votants au 2d tour14 347 288
49,0 % en augmentation 7,1
Votes blancs au 2d tour20 049
Votes nuls au 2d tour56 415
Sebastián Piñera – Indépendant
Voix au 1er tour2 213 805
36,62 %
Voix au 2e tour3 795 896
54,57 %
Alejandro Guillier – Indépendant
Voix au 1er tour1 370 282
22,67 %
Voix au 2e tour3 160 225
45,43 %
Beatriz Sánchez – Front large
Voix au 1er tour1 336 622
20,27 %
José Antonio Kast – Indépendant
Voix au 1er tour522 946
7,93 %
Résultats au premier et au second tour par commune
Carte
Président de la République
SortanteÉlu
Michelle BacheletSebastián Piñera
Servicio Electoral de Chile

Contexte

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Les élections parlementaires ainsi que des élections régionales sont organisées le même jour que le premier tour.

Les élections municipales de 2016 ont été marquées par une victoire de la droite et une forte abstention (65 %)[1].

La présidente socialiste Michelle Bachelet fait face à une mobilisation étudiante pour la gratuité de l'université[2] qui est selon l'OCDE la plus chère au monde par rapport au niveau de vie. Toutes les universités (même publiques) sont en effet payantes depuis la dictature de Pinochet[3]. En 2016, le pays enregistre son plus faible taux de croissance (1,6 %) en sept ans[4]. Cependant, le taux de chômage reste en deçà de 7 %[2].

Ces élections sont aussi marquées par l'immigration massive venant d'Haïti. On dénombrerait 60 000 immigrants haïtiens au Chili, ce nombre ayant augmenté à la suite des catastrophes naturelles à répétition ayant eu lieu à Haïti. Une coopération s'est mise en place entre les deux pays notamment dans les domaines de la santé, de l'éducation, du logement ou encore de la sécurité avec la présence de soldats chiliens dans le nord de l'île[5].

Selon la directrice de l’institut de sondage Mori, la principale nouveauté de cette élection est l’application de la nouvelle loi électorale. Selon elle, cette loi, votée en 2015, « a mis fin à un système électoral unique au monde, imposé par Pinochet pour favoriser la droite et empêcher la coalition de centre gauche de mener des réformes après le retour de la démocratie »[6].

Système électoral

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Le président de la République est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

Candidats

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La présidente Michelle Bachelet ne peut pas se représenter[2]. Des primaires à droite et à gauche et au centre ont lieu et les candidatures retenues pour l'élection présidentielle sont celles de :

  • Sebastián Piñera, ancien membre du parti Rénovation nationale, président de la République entre 2010 et 2014 et âgé de 64 ans[7]. Homme d'affaires milliardaire, il est accusé de corruption[2]. Il remporte la primaire de la coalition de droite Chile Vamos, qui se veut une droite rénovée et débarrassée de l’héritage Pinochet[8].
  • Alejandro Guillier, candidat de centre gauche. Il est le seul candidat aux primaires de la gauche et du centre (Nouvelle Majorité) après le retrait par Ricardo Lagos de sa candidature et à la suite de la décision de Carolina Goic de se présenter en dehors de la primaire. Il est ancien présentateur télé[9] et est depuis 2013 sénateur[10]. Il est par ailleurs soutenu par le Parti communiste (qui faisait partie de la majorité de Bachelet)[11]. Il présente un programme écologiste, favorable à plus de droits pour la communauté mapuche et a comme volonté de dépenser plus dans les domaines de la santé et de l'éducation notamment. Il est aussi favorable à une plus grande coopération régionale[12].
  • Beatriz Sánchez : journaliste et candidate du Front large (coalition de nombreux petits partis et mouvements de gauche)[1].
  • Carolina Goic, candidate démocrate-chrétienne (parti membre de la majorité de Bachelet)[13].
  • Marco Enríquez-Ominami, candidat du Parti progressiste (en).
  • José Antonio Kast[1], ancien membre de l'UDI et candidat d’extrême droite se revendiquant d'Augusto Pinochet[14].
  • Alejandro Navarro, candidat du parti País (en)[15].
  • Eduardo Artés, candidat marxiste-léniniste pour le mouvement Union patriotique (en)[16].

Des sondages (de l'institut Tresquintos) datant de la dernière semaine d'avril donne le conservateur Piñera à 41 % suivi de Guillier. La candidate démocrate-chrétienne Goic serait à 3 % d'intentions de vote[13]. Durant la campagne, Alejandro Guillier est accusé par son adversaire conservateur « de vendre du vent », d’être proche de Podemos en Espagne et du président vénézuélien Nicolás Maduro[17].

Résultats

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Résultats de l'élection présidentielle chilienne de 2017
CandidatParti / coalitionPremier tour[18]Second tour[19]
Voix%Voix%
Sebastián PiñeraChile Vamos2 418 54036,643 795 89654,57
Alejandro GuillierNouvelle Majorité1 498 04022,703 160 22545,43
Beatriz SánchezFront large1 338 03720,27
José Antonio KastIndépendant523 3757,93
Carolina GoicParti démocrate-chrétien387 7845,88
Marco Enríquez-OminamiParti progressiste (en)376 8715,71
Eduardo ArtésUnion patriotique (en)33 6650,51
Alejandro NavarroPaís (en)23 9680,36
Votes valides6 600 28098,476 956 12198,91
Votes blancs38 5430,5720 0490,29
Votes nuls64 5040,9656 4150,80
Total6 703 3271007 032 585100
Abstention7 643 96153,307 314 70350,98
Inscrits / participation14 347 28846,7214 347 28849,02

Répartition des suffrages au second tour

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Sebastián
Piñera
(54,57 %)
Alejandro
Guillier
(45,43 %)
Majorité absolue

Analyses et conséquences

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Sebastian Piñera a annoncé qu'en cas de victoire et de majorité de la droite, il réinstaurerait l'interdiction stricte de l’avortement (autorisé depuis en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère) et s’opposerait fermement à la légalisation du mariage homosexuel[20].

Le résultat des élections suscite des interrogations au sujet de la fiabilité des sondages. Alors que ces derniers estimaient à moins de 10 % les intentions de vote en faveur de Beatriz Sánchez, la candidate du Frente Amplio atteint finalement les 20 %, manquant de peu de se qualifier pour le second tour[21].

Notes et références

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  1. a b et c « Des primaires ce dimanche au Chili pour désigner les candidats des coalitions à l'élection présidentielle de novembre | MAP Express », MAP Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. a b c et d « Fin de mandat difficile pour Bachelet au Chili », lesechos.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Au Chili, étudiants et professeurs militent pour une éducation gratuite », RTBF Info,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Michelle Bachelet quitte la présidence du Chili sur fond de chute de popularité », sur franceinter.fr, .
  5. « "Les Haïtiens sont très appréciés au Chili", selon l'ambassadeur Patricio Utreras », Le Nouvelliste,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Christine Legrand, « Le Chili se prépare dans la morosité à l’alternance politique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. « Chili: impopulaire, l'ex-président Lagos retire sa candidature à la présidentielle », RTBF Info,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. Christine Legrand, « Présidentielle au Chili : le candidat de droite, Sebastian Piñera, en tête du premier tour », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. « Alejandro Guillier bouscule le paysage politique chilien », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. « Au Chili, l'un des candidats à l'élection présidentielle a quelques points communs avec Donald Trump », France Inter,‎ -20 mars 2017 (lire en ligne, consulté le ).
  11. (es) « Partido comunista proclama a Alejandro Guillier como su candidato presidencial », 24horas.cl,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. « Au Chili, l'un des candidats à l'élection présidentielle a quelques points communs avec Donald Trump », France Inter,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. a et b « Chili-Scission de la coalition de gvt avant l'élection de novembre », Zone Bourse,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. « Piñera, le milliardaire qui veut ramener la droite au pouvoir au Chili », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. (es) « Beatriz Sánchez: Chile necesitaba una visión de izquierda como FA », TeleSUR,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. (es) « Eduardo Artés ratifica que cambiaría la Constitución chilena », TeleSUR,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. « Le conservateur et ancien président Sebastian Piñera élu à la tête du Chili », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  18. (es) « SERVEL », sur pv.servelelecciones.cl (consulté le ).
  19. (es) « SERVEL », sur www.servelelecciones.cl (consulté le ).
  20. Laurie Fachaux et Romain Houeix, « Présidentielle au Chili : "Michelle Bachelet n'a pas su répondre aux attentes des Chiliens" », France 24,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. « Election présidentielle au Chili : la gauche émerge », sur www.medelu.org, .

Voir aussi

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Articles connexes

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